Prochaines séances dans Micadôme, Vox in vitro de Michel Redolfi mardi 14 et mardi 21 mars à 18h30 au conservatoire de Nice

Vox in Vitro est un hommage à Susan Belling, soprano franco-‐américaine, diva prolifique et excentrique, dont le répertoire a évolué de rôles classiques à l’Opéra de Paris à des expérimentations vocales frontalières sur la scène d’avant-‐garde internationale. Elle visitait souvent mes studios à Nice et nous avons enregistré de nombreuses sessions au fil des années où elle exprimait librement sa vie tumultueuse avec des improvisations émotionnelles. À l’exception de quelques pistes célestes utilisées dans mes concerts sous-marins, la plupart des sessions n’ont jamais abouti à un morceau… jusqu’à ce que Susan disparaisse mystérieusement ! Certains ont dit qu’elle avait volé dans le ciel en tant qu’ange qu’elle projetait de devenir (S’Ange était son nom de scène), d’autres ont dit qu’elle s’est tuée en sautant de la fenêtre d’un étage élevé d’un hôtel, vêtue d’une robe blanche. Quand, en 2000, Susan nous a tous quittés, j’ai décidé de lui donner une réincarnation sonore. Elle prendrait la forme d’un « opéra noir » électroacoustique, joué dans l’obscurité. Avec cette mise en scène, les enregistrements de Susan Belling prennent vie : le montage de ses archives intègre des bruits corporels subtils, des respirations et d’autres éléments fragiles. Ces frissons de vie sont des éléments importants pour ré-‐incarner auditivement Susan, in vitro… J’ai pensé que pour son « come-back », Susan aurait aussi besoin d’un médiateur pour accompagner son blind date avec le public : j’ai invité l’acteur au talent immense, Michael Lonsdale, à nous rejoindre. Sa voix paternelle vient comme une bénédiction pour l’âme lorsqu’il lit “Le Temps des Anges” du poète mexicain Homero Arridjis. Une autre voix exubérante est aussi rappelée du passé : feu Frank Royon Le Mée, un étonnant interprète vocal (qui a travaillé avec Parmegiani et Berio) que j’ai enregistré quelques années avant Susan, dans les mêmes studios du CIRM. Ils auraient dû se rencontrer dans la vie. Le mouvement « Vox in Vitro » les réunit. La forme de la pièce passe par des épisodes chronologiques de la vie et de la mort turbulentes de Susan Belling, jusqu’à la résurrection, avec le dernier mouvement « Les anges voyagent à la vitesse du silence ».

Michel Redolfi

Après une formation classique au conservatoire, puis en musicologie à l’Université d’Aix- Marseille, Michel Redolfi se spécialise dans la création électroacoustique dès l’âge de 18 ans. Il cofonde, à Marseille en 1969, l’un des premiers studios d’expérimentation musicale, le GMEM—devenu depuis Centre National. Il y invite et côtoie les fondateurs des musiques concrètes et électroniques : Bayle, Risset, Parmegiani, Ferrari. Collaboration par la suite avec Pierre Henry. De 1973 à 1985 il s’installe aux Etats-Unis et rejoint les équipes qui développent les premiers synthétiseurs numériques (Synclavier). A partir de 1977, il est chercheur dans les studios de l’Université de Californie à San Diego, ainsi qu’au California Institute of the Arts. Il lance en 1981 la musique subaquatique (underwater music) dans l’environnement du Pacifique et invente les premières lutheries sous-marines offrant au public une immersion auditive et sensorielle en pleine eau. Concerts en mer et en piscine s’enchaînent. En 2016, il est nominé au Lion d’Or, musique à la Mostra de Venise.Directeur du du Centre International de Recherche Musicale (CIRM)  et du festival MANCA à Nice de 1986 à 1998, il conçoit un pôle important pour la création multimédia. En 2002, Michel Redolfi crée le studio AUDIONAUTE, une structure de création et édition en design sonore offrant de mises en son à systèmes innovants pour l’architecture, le mobilier, les espaces et transports publics.
Il signe des scénographies musicales pour l’architecte Jacques Rougerie (Nausicaä), le parc de La Villette, les réseaux de tramways de Nice, Brest, Besançon et Liège. Avec les voix de Michael Lonsdale, Daniel Mesguish, Jean-Marc Barr, Lambert Wilson.