A l’occasion de la venue du compositeur pour la création de son œuvre « Fabula » par l’orchestre de l’Opéra de Nice les 19 (20h) et 20 (16h) novembre 2021 dans le cadre des Manca (report du festival 2020 en raison des contraintes sanitaires dues à l’épidémie de Covid19).
Au même programme, Le château de Barbe Bleue de Béla Bártok
https://www.opera-nice.org/fr/evenement/784/le-chateau-de-barbe-bleue-version-de-concert
En salle C7 au premier étage, Daniel D’Adamo parlait de sa nouvelle œuvre, de sa manière d’envisager la musique en général, et a fait travailler des extraits d’une autre œuvre « Air lié », pour flûte et électronique temps réel, qui sera jouée par les élèves du conservatoire de Nice en 2022.
Air lié développe principalement le caractère sonore du souffle de l’interprète. L’approche de l’instrument dans sa manière traditionnelle de produire le son, devient ici pratiquement un sujet secondaire. C’est l’action de souffler dans l’instrument qui est centrale dans la pièce. La qualité sonore du souffle émis, sa couleur, sa pression, son évolution, la distance de la bouche par rapport à l’embouchure, la tension des lèvres, la position de la bouche modulant l’air émis, sont à la base de la production du son instrumental lui-même. De ce fait, l’instrumentiste est conçu dès le départ du projet, comme s’il était en réalité un instrument dans l’instrument, un instrument de l’instrument. L’électronique est le troisième élément constituant ce « méta instrument » : dédoublée sur quatre voies spatialisées, elle déploie une masse contrapuntique de sons soufflés qui ne cesse de se répandre et de circuler dans l’espace de la salle de concert. L’électronique étend ainsi en permanence la nature même de l’instrument, elle l’augmente. L’utilisation de la voix chuchotée vient rappeler ce pour quoi la première flûte a été conçue : perçant de trous la surface d’un os vidé, soufflant ensuite dans l’une de ses extrémités et créant alors des vagues sonores jamais entendues auparavant, un homme donne un sens nouveau au son de sa propre respiration. Transformant de cette manière son souffle en son, il n’a sûrement pas alors imaginé les conséquences que son geste allait produire plus tard. Air lié est dédié à Nicolas Vallette qui a enregistré l’ensemble des sons de flûte traversière utilisés pour la composition électroacoustique de la pièce. Son aide a été précieuse pour réaliser une recherche sur des doigtés particuliers, basés sur une approche ergonomique de l’instrument et en rapport avec les matières sonores que je recherchais. Les doigtés figurant sur la partition lui appartiennent.
Compositeur italien d’origine argentine né le 18 novembre 1966 à Buenos Aires.
Daniel D’Adamo étudie la philosophie et la musique à Buenos Aires. En 1992, il entre au Conservatoire national supérieur de Lyon où Philippe Manoury lui enseigne la composition. Il s’initie également à l’électronique et à l’informatique musicale, formation qu’il poursuit à l’Ircam (1996-1997) avec Tristan Murail et Brian Ferneyhough. Remarqué avec Voices (1996) lors de sa participation au Forum de jeunes compositeurs de Montréal, il accède ensuite à la prestigieuse Villa Médicis (1997-1999) et cofonde, à Rome, le festival Musica XXI. Titulaire d’un DEA de musicologie de l’Université de Paris VIII portant sur la perception et l’apprentissage de la musique dodécaphonique (2002), il est professeur titulaire de la classe de composition au Conservatoire de Reims depuis 2009. Interprétée à travers le monde par des ensembles de renommée internationale (Nouvel Ensemble Moderne de Montréal, Ensemble Orchestral Contemporain, Nuova Consonanza…), la musique de Daniel D’Adamo est caractérisée par un travail de recherche sur le temps musical, la théâtralité (Die Runde Zahl, 1999) et la thématique du double (D’ombra I, 1997). Son écriture allie le souci du détail dans la notation, dans les articulations et modes de jeu, à une recherche d’expressivité, une exploration de l’espace sonore et un rapport texte-musique repensé.
source CDMC