Samedi 12 et dimanche 13 octobre 2019 le festival Technomancie occupait les jardins de l’ancien couvent Levat pour sa seconde édition, produite par les laboratoires Deleterre et Digital Diffusing Art: un week-end fourmillant d’idées et de sensations autour des nouvelles technologies incluant des concerts en plein air sur le dispositif acousmatique construit par Brane Project.
« Les enjeux des nouvelles colonies humaines ne se situent plus dans le cosmos ou dans les gisements profonds de la terre et des océans. C’est aujourd’hui dans les méandres des territoires technologiques (cyberespace, jeux en réseaux, réseaux sociaux, réalité augmentée) que les multinationales et autres startups pensent le monde de demain... »
Une présentation écolo-techno plutôt festive pour Boxing de Sarah Procissi (*), une œuvre basée sur les rythmes des entraînements du corps à la boxe,
et Never Die A de Michel Pascal (**) , inspirée par l’eau, ses interactions et les risques inquiétants des pollutions et modifications de son cycle…
… il faisait grand beau temps !
CINQUANTE HAUT-PARLEURS AUTOUR DU PUBLIC ET DANS LES ARBRES
GAETAN PARSEILHAN A LA PROJECTION DU SON
SARAH PROCISSI AVANT SON CONCERT
A L’HEURE DE LA SIESTE LES SONS VONT VOLER DANS LA VERDURE
ET TRAVERSENT UN POTAGER BIEN SYMPATHIQUE EN PLEINE VILLE
(*) Sarah Procissi
Après une première formation classique de violon au Conservatoire Henri Tomasi (Bastia), sa pratique musicale se tourne durant son adolescence vers la guitare électrique et les synthétiseurs.
Elle développe son jeu avec un intérêt particulier pour l’improvisation libre, notamment au sein des groupes HHH et Lands of Conifer (drone/ambient & noise).
Depuis 2016, elle étudie le oud avec Khaled Ben Yahia. Elle participe à plusieurs évènements tels que les festivals Mandopolis, Notte di a Mandulina, et partage des scènes avec divers musiciens (Patrick Vaillant, Levon Chatikyan, l’ensemble Tàlcini, Patricia Nagera…) Elle est également membre des associations Mandeo (Corse) et Waasla (musique méditerranéennes, Nice).
En 2014, elle commence la composition électroacoustique dans la classe de Michel Pascal et Gaël Navard. Ses premières expérimentations s’inscrivent dans une démarche concrète (Dissection acoustique d’un corps I et II, 2014/2015), puis de field recording (Terra Santa, 2018). Elle intègre également ses influences de musiques extra-européennes, notamment avec l’étude de rythmes indiens (Boxing, 2016).
Intéressée également par la relation musique/danse, elle a collaboré avec différentes compagnies dans la région Parisienne dès 2009,ainsi que plus récemment avec avec les chorégraphes Simone Mousset, Eric Oberdorff, Marie-Laure Fauduet, pour lesquels elle s’est intéressée à l’immersion sonore et au live-electronic.
(**) Never Die
est l’un des noms donnés à l’arbre Moringa, originaire du sud de l’Himalaya. Sur sol riche comme sur sol pauvre, il est très peu affecté par la sécheresse et grandit rapidement, qu’il soit semé ou coupé. Appelé « arbre miracle » pour ses vertus médicinales, il est aussi capable de purifier les eaux polluées en détruisant 90 à 99% des bactéries, une ressource précieuse face à l’inévitable guerre de l’eau, promise au futur proche, lorsque la somme des eaux captives de la planète menace de passer de nécessité à notre survie, à l’état de poison délétère.
«Considérez une plante, admirez un grand arbre, et voyez en esprit que ce n’est qu’un fleuve dressé qui s’épanche dans l’air du ciel. L’eau s’avance par l’arbre à la rencontre de la lumière. L’eau se construit de quelques sels de la terre une forme amoureuse du jour. Elle tend et étend vers l’univers des bras fluides et puissants aux mains légères. »
Paul VALÉRY
Chaque année, 1500 kilomètres cubes d’eaux usées sont produits à l’échelle mondiale. Les déchets et eaux usées pourraient être réutilisés efficacement pour l’énergie et l’irrigation, mais ce n’est pas le cas. Dans certains pays en développement, 80% de tous les déchets ne sont pas traités, faute de législation et de ressources.
L’eau est pourant la matrice dont nous sommes tous issus, et constitués à plus de 65%.
L’eau est le matériau central de Never Die. L’eau dans tous ses états, au travers de toutes sortes d’interactions, physiques comme électroniques, notamment en transformant l’émission des sons dans divers instruments de musique, parfois de manière aérienne comme avec flute, clarinette, basson, cor, parfois percussive sur piano ou percussion, et encore frottée comme avec la contrebasse.
Never Die regroupe plusieurs pièces mixtes avec ensemble instrumental, la version « A », est en revanche entièrement acousmatique, elle joue à l’interface entre air, liquide et solide, et a bénéficié de l’aide à l’écriture d’une œuvre musicale originale, de la part de l’Etat français.
« Pour un esprit, venu d’ailleurs, qui tomberait sur cette Terre et qui en ignorerait tout, l’eau serait un objet de stupeur presque autant que le temps. L’eau est une matière si souple, si mobile, si proche de l’évanouissement et de l’inexistence qu’elle ressemble à une idée ou à un sentiment. Elle ressemble aussi au temps, qu’elle a longtemps servi à mesurer, au même titre que l’ombre et le sable. (…)
Elle a toujours tendance à s’en aller ailleurs que là où elle est. Elle est de la matière déjà en route vers le néant »
Jean d’Ormesson