Chants de l’Olympe est une œuvre électroacoustique d’une durée de 45 minutes, proposée par le compositeur Patrick Marcland, et présentée originellement sous la forme d’une installation sonore octophonique. Grâce à l’assistance de Michel Pascal au Conservatoire de Nice Université Côte d’Azur, l’œuvre va être re-spatialisée en 32 canaux pour l’espace immersif de Micadôme .
Genèse de l’oeuvre
Chants de l’Olympe a été composée en 2003 par les compositeurs Patrick Marcland et Gualtiero Dazzi à partir d’un travail pédagogique unissant la pratique sportive et la musique et qui s’inspire de l’esthétique du geste athlétique dans une pratique collective.
L’élaboration de cette œuvre s’est déroulée au cours d’une résidence de plusieurs semaines en 2003 dans quatre collèges de la Seine St Denis. Plusieurs classes d’EPS (6ème et 5ème) ont participé à ce projet, avec le concours de leurs professeurs et de deux musiciens-intervenants chargés de mettre en œuvre des ateliers pour élaborer, avec les élèves, des formes de work-songs d’accompagnement de l’effort, à partir de l’analyse des gestes et des sons de l’athlétisme, courses, sauts, lancers, cris, etc…
Les enregistrements réalisés pendant toutes ces séances ont constitué le matériau sonore servant de base à la composition musicale réalisée par les deux compositeurs. L’élaboration de celle-ci a donné lieu à toutes sortes de transformations et de traitements électroniques aboutissant à un grande fresque sonore de 45 minutes, construite comme une symphonie d’un nouveau genre, en un seul mouvement.
L’originalité de l’oeuvre ne tient pas seulement au propos musical qui est un hommage à l’athlétisme par les chemins mêmes de ses gestes, de ses souffles, de ses cris, de ses ambiances sonores et de ses archétypes universels. Elle tient aussi au fait que les compositeurs, se risquant hors de leur cabinet d’écriture, pénètrent les stades et les lieux publics, à la rencontre de la cité et des enfants. Cette attitude à la fois éthique et esthétique, est constitutive du matériau même des Chants de l’Olympe.
Ici, le geste de l’athlète est transmuté en œuvre musicale par la grâce du rythme, de l’énergie et de la forme, par l’inspiration conjointe de compositeurs et d’enfants encadrés par leurs professeurs d’EPS, conduits par des animateurs musicaux. Il en résulte une œuvre à la fois personnelle, structurée et collective, originale dans son processus de création et dans sa facture.
“Chants de l’Olympe” est né d’une idée originale d’Alain Foix, directeur de l’association Quai des Arts, commanditaire et producteur du projet.
Les deux musiciens-intervenants étaient Elodie Bremaud, pour le travail sur les “work-songs” et Nicolas David pour les prises de sons et leur analyse avec les élèves.
Les collèges ayant participé au projet sont :
Le collège Georges Brassens de Sevran. Le collège Eugène Carrière de Gournay en Brie. Le collège Marais de Villier de Montreuil. Le collège Colonel Fabien de Montreuil
Ce projet a bénéficié du soutien du Département de la Seine St Denis, du Rectorat de Créteil, de l’Inspection académique de Bobigny, de l’association Citoyenneté Jeunesse et du Forum culturel de Blanc-Mesnil pour certains enregistrements.
Patrick Marcland est né à Paris et vit à Nice depuis 2010. Il a fait l’essentiel de ses études musicales à l’Ecole Normale de Musique de Paris : guitare classique (avec Alberto Ponce), harmonie (avec Alain Bernaud), contrepoint et fugue (avec Ginette Keller), et enfin composition avec Max Deutsch. En même temps il compose pour le théâtre et le cinéma et travaille aussi comme assistant-réalisateur de cinéma et musicien d’une compagnie théâtrale. Il a par ailleurs suivi les cours de direction d’orchestre d’Henrik Bruun et ceux de Claude Ballif en analyse, comme auditeur libre au Conservatoire de Paris. Il s’est enfin initié à la composition assistée par ordinateur et à l’électro-acoustique au cours de plusieurs stages à l’Ircam.
Il a reçu le Prix Georges Enesco et de nombreuses commandes de l’Etat, de Radio France, de l’Ircam, et de divers ensembles et orchestres dont l’Itinéraire, le Groupe Vocal de France, l’Ensemble Intercontemporain, les Percussions de Strasbourg, la Maîtrise de Radio France, Musicatreize, TM+, Apostrophe, etc…, la Philharmonie de Lorraine, la Philharmonie de Varsovie et l’Orchestre National de France.
Il a écrit, à l’invitation de Pierre Boulez, de nombreuses pièces pour l ‘Ensemble Intercontemporain : “Variants”, puis “Versets”, “Etude”, “De Temps en Temps”, pour alto et ensemble, « Eclipsis », pour trompette et alto avec électronique, “Soleá”, pour cor, basson, harpe et contrebasse, “Eclipsis déployé” pour alto principal et 6 instruments avec électronique (Commande de l’Ircam et de l’EIC). Parmi ses autres collaborations, l’Ensemble TM+ (“Vocables”, pour mezzo-soprano et ensemble), le Quatuor Stanislas (“De Cristal et de Brume”, commande de Musique Nouvelle en Liberté), l’Ensemble Apostrophe (“La Ligne d’Ombre”, d’après Joseph Conrad, pour ensemble et électronique (2013), commande du Cirm de Nice). Enfin “Mazeppa”, monodrame chanté pour soprano et ensemble, commande du Festival Printemps des Arts de Monte Carlo, créé à Monaco en mars 2017, avec l’Ensemble C Barré.
Il a en outre collaboré depuis des années avec plusieurs chorégraphes dont Odile Duboc, Elisabeth Schwartz, Nadine Hernu, Sara Pardo, Susan Buirge et Laurence Marthouret avec laquelle il développe depuis plus de dix ans un travail spécifique sur le rapport danse-musique , dans plusieurs pièces chorégraphiques (Walk, Monade, Meltem, Seule,….).
Un CD monographique intitulé « Patrick Marcland 8 SOLOS » est paru en janvier 2012 sous le label Sismal Records, avec des solistes de l’Ensemble InterContemporain.
Pendant sa période de formation, Gualtiero Dazzi (né en 1960) a côtoyé des personnalités très différentes du monde musical, telles que Paolo Arata et Angelo Paccagnini, Laurent Petitgirard, Franco Donatoni, Ivanka Stoïanova et Daniel Charles, Luigi Nono, Brian Ferneyhough, Tristan Murail et Pascal Dusapin.
Ne privilégiant aucun médium, il compose des œuvres de musique instrumentale, vocales, de théâtre musical, des opéras, des musiques électroniques et confronte volontiers son écriture musicale à d’autres disciplines artistiques.
Gualtiero Dazzi est le compositeur de plusieurs projets scéniques. C’est dans le contexte théâtral, dans le rapport entre musique et texte, et dans l’épreuve du plateau, que l’essence de son langage musical, lyrique et très chargé au plan émotionnel s’exprime le mieux.
La création de son premier opéra La Rosa de Ariadna, mis en scène par Stéphane Braunschweig en 1995 au Festival Musica, a été saluée comme l’une de plus importantes réussites lyriques de ses dernières années.
En 2004, Gualtiero Dazzi a créé son quatrième opéra Le Luthier de Venise au Théâtre du Châtelet à Paris. De cette création, mise en scène par Giorgio Barberio Corsetti, on a écrit qu’elle pouvait nous réconcilier avec la création lyrique contemporaine.
Le jeu de la feuille et du vent, pour grand orchestre, dirigé en 2009 à Paris par Daniel Kawka, puis à Turin par Luca Pfaff, a été sélectionné pour une diffusion radiophonique dans 30 pays.
Soucieux de comprendre et de questionner le monde qui nous entoure, il a créé en 2019 Boulevard de la Dordogne, un opératorio pour soli, chœur et orchestre, et en 2023 l’opéra choral Exodes – voir l’autre versant du matin pour récitant, choeur d’hommes et trois musiciens, deux projets dont les livrets d’Élisabeth Kaess évoquent et interrogent les notions de déracinement et d’hospitalité.
En 2021, Gualtiero Dazzi a créé Madrigali, un parcours poétique et musical sur un livret d’Élisabeth Kaess d’après René Char, conçu pour le contre-ténor Serge Kakudji accompagné de quatre musiciens de l’Ensemble Variances de Thierry Pécou. Pour cette création Gualtiero Dazzi crée à son tour ses propres madrigaux et incorpore trois madrigaux du Septième Livre de Claudio Monteverdi arrangés pour les sonorités modernes d’une combinaison instrumentale très « rock ».
En juin 2024 ce sera Margarete Sulamith un « livre de madrigaux » mettant en dialogue le Cantique des Cantiques avec le Urfaust de Goethe ainsi que la musique de Gualtiero Dazzi avec celle de Leonhard Lechner, Claudio Monteverdi et Giovanni Pierluigi da Palestrina.
En septembre 2024, Tempus Muliebre un spectacle musical qui fait résonner la musique et la correspondance de Ildegarde von Bingen avec des récits et des poèmes de femmes afghanes et iraniennes contemporaines.
Les livrets de ces deux derniers projets sont signés Élisabeth Kaess et s’inscrivent dans l’activité du collectif d’écriture Comme une présence créé en 2023 pour officialiser la collaboration déjà décennale d’Élisabeth Kaess et Gualtiero Dazzi.
Gualtiero Dazzi a été lauréat du Prix Florent Schmitt de L’Académie des Beaux Arts de l’Institut de France en 2009, du Prix du Studium de musique contemporaine de Toulouse en 1986, du Prix de la Joven Orquesta Nacional de España en 1992 et de la Villa Médicis hors les murs en 1998.