https://niceclassiclive.com/concerts
Musiques de l’eau et des océans, entrée libre dans la limite des places disponibles (20 maximum par séance). Les séances des mercredis 13h sont réservées aux étudiants de l’Académie. Œuvres de T.Lotis, J.Harrison, M.Pascal, J.C.Risset.
Mardi 22 juillet
17h Requins – Michel Pascal
France, 1991/2015/2020 jeu musical immersif avec dispositif interactif 32 pistes
Commandé par le Centre International de Recherche Musicale, la première version de Requins était originellement installée dans le plus grand aquarium d’Europe au centre Nausicaa, à Boulogne-sur-Mer. La musique y a été projetée en continu pendant 20 ans, à même l’architecture. Alors entièrement électronique, elle était diffusée dans une bulle étanche située au centre d’un immense bassin, à l’intérieur duquel le public entrait pour voir flotter les squales tout autour.
On pourrait presque qualifier son design sonore d’impressionniste, puisqu’il s’agissait de susciter chez l’auditeur des sensations contradictoires, à la fois de bien-être et de danger, de manière quasi inconsciente. Requins chemine au long d’une ligne de crête entre la douceur d’un frôlement et la puissance potentielle que l’on ressent en contemplant ces magnifiques carnassiers, le danger d’être déchiré à tout instant dans un monde d’apparence si calme. Quelque chose comme la sensation de toucher avec les oreilles, une peau de squale, des dents de rasoir, et le lointain bleu sans fond.
Cette pièce est conçue pour être écoutée en boucle, à partir de n’importe quel point. Quelle que soit l’attention qu’on y porte, sa forme à beau sembler en mouvement, elle se retourne toujours sur elle-même comme un ruban de Moebius.
En 2015 j’ai réalisé une orchestration de la musique originelle, afin d’en faire une œuvre de concert. Dans la version immersive Micadôme, les instruments de musique sont répartis dans diverses zones acoustiques tout autour de l’auditeur, le plaçant un peu dans la position d’écoute d’un chef d’orchestre. Un dispositif de jeu lui offre la possibilité de spatialiser et mixer ad libitum, en temps réel, divers sons de vagues, de gouttelettes et d’oiseaux marins transformés, tout en gardant les mêmes impressions contemplatives d’une musique qui avance sans cesse vers son point de départ, un peu comme dans un dessin d’Escher.
17h45 Théories sous-marines – Theodoros Lotis
Grèce 2002, œuvre stéréo adaptée au dispositif 32 pistes en 2025 en spatialisation spectrale
16mn

https://electrocd.com/en/album/2357-epoque-de-l-eau
Theodoros Lotis distribue la texture spectrale sur de multiples registres. Ces couches interagissent, elles vont et viennent, entrant en relation sympathique ou exerçant une pression les unes sur les autres tout en cherchant leur place. Nous accumulons une image mentale de l’espace et de la vastitude, à mesure que nous observons ces comportements et que nous absorbons l’accrétion de ces détails microcosmiques.
Pour Theodore Lotis, la distribution des sons dans l’espace spectral et le temps génère un environnement diffus, d’une manière similaire à ce qu’accomplit la lumière naturelle. Ainsi, les concepts liés à la luminosité (brillance, transparence, opacité) exercent une grande influence sur le développement de l’image spatiale. Par exemple, je pense aux graves opaques qui, en plus d’apporter de la profondeur aux textures, suggèrent de grands espaces par leur continuité. Il y a ensuite les pulsations, particules et impulsions, qui forment le microcosme. Celles-ci sont beaucoup plus lumineuses et résident dans des registres plus élevés. Et il ne faudrait pas oublier les glissandi gravitationnels, dont l’énergie nous propulse à travers l’espace spectral, à moins que leurs mouvements plus délicats n’évoquent des images aériennes. Je remarque également une certaine sensibilité à la hauteur et à l’harmonie, qui sont parfois l’échafaud sur lequel une texture repose, offrant des points de référence aux départs et aux arrivées, ainsi qu’à la navigation à travers l’espace spectral.
Bien qu’il y ait des traces de sons connus (mais pas toujours clairement identifiables), bien que les métaphores tissées par les titres des œuvres révèlent les espaces des phénomènes naturels (eau, vent, air, lumière), nous ne demeurons pas ancrés dans notre monde. Cette musique cherche à nous transporter dans un ailleurs imaginé et d’une grande expressivité.
Denis Smalley [traduction française : François Couture, 2008]
« Quand je regarde le fond de la piscine à travers la densité de l’eau, la mosaïque se dévoile par les reflets de l’eau. Si seulement ces déformations, ces rayons de lumière n’existaient pas, si je regardais la géométrie de la mosaïque sans l’intervention de la lumière, alors j’aurais arrêté bien avant de le voir en objectivité : au-delà de chaque espace identique. » — Maurice Merleau-Ponty, « L’œil et l’esprit », 1964
Mercredi 23 juillet
13h Never Die A – Michel Pascal – séance réservée aux étudiants de l’Académie
France, 2015
15mn

Commande de l’État à l’initiative du Cirm, Never Die est l’un des noms donnés à l’arbre Moringa, originaire du sud de l’Himalaya. Sur sol riche comme sur sol pauvre, il est très peu affecté par la sécheresse et grandit rapidement, qu’il soit semé ou coupé. Appelé « arbre miracle » pour ses vertus médicinales, il est aussi capable de purifier les eaux polluées en détruisant 90 à 99% des bactéries, une ressource précieuse face à l’inévitable guerre de l’eau, promise au futur proche, lorsque la somme des eaux captives de la planète menace de passer de nécessité à notre survie, à l’état de poison délétère.
« Considérez une plante, admirez un grand arbre, et voyez en esprit que ce n’est qu’un fleuve dressé qui s’épanche dans l’air du ciel. L’eau s’avance par l’arbre à la rencontre de la lumière. L’eau se construit de quelques sels de la terre une forme amoureuse du jour. Elle tend et étend vers l’univers des bras fluides et puissants aux mains légères. »
Paul VALÉRY
Chaque année, 1500 kilomètres cubes d’eaux usées sont produits à l’échelle mondiale. Les déchets et eaux usées pourraient être réutilisés efficacement pour l’énergie et l’irrigation, mais ce n’est pas le cas. Dans certains pays en développement, 80% de tous les déchets ne sont pas traités, faute de législation et de ressources.
L’eau est pourtant la matrice dont nous sommes tous issus, et constitués à plus de 65%.
L’eau est le matériau central de Never Die. L’eau dans tous ses états, au travers de toutes sortes d’interactions, physiques comme électroniques, notamment en transformant l’émission des sons dans divers instruments de musique, parfois de manière aérienne comme avec flute, clarinette, basson, cor, parfois percussive sur piano ou percussion, et encore frottée comme avec la contrebasse.
Never Die regroupe plusieurs pièces mixtes avec ensemble instrumental, la version « A », est en revanche entièrement acousmatique, elle joue à l’interface entre air, liquide et solide.
« Pour un esprit, venu d’ailleurs, qui tomberait sur cette Terre et qui en ignorerait tout, l’eau serait un objet de stupeur presque autant que le temps. L’eau est une matière si souple, si mobile, si proche de l’évanouissement et de l’inexistence qu’elle ressemble à une idée ou à un sentiment. Elle ressemble aussi au temps, qu’elle a longtemps servi à mesurer, au même titre que l’ombre et le sable. (…) Elle a toujours tendance à s’en aller ailleurs que là où elle est. Elle est de la matière déjà en route vers le néant »
Jean d’Ormesson
17h Requins – Michel Pascal
France, 1991/2015/2020 Jeu musical immersif avec dispositif interactif 32 pistes
17h45 Going/Places – Jonty Harrison
Angleterre, 2015, section 2, 32 pistes
22mn

https://electrocd.com/en/album/5678-voyages
Un jour, il y a près de 25 ans, alors que j’enregistrais un périple dans le métro londonien, un visiteur égaré d’outre-mer m’a demandé des indications. Cet incident a fait germer l’idée d’une pièce sur le vaste thème du voyage et du sentiment de désorientation — d’aliénation, même — dont il peut être la cause. J’ai pris l’habitude de traîner du matériel d’enregistrement avec moi au début des années 1990, au moment où j’ai commencé à vouloir capter les événements sonores du quotidien qui traduisent une situation géographique. J’ai donc accumulé une vaste bibliothèque sonore au fil des 25 dernières années, mais j’ai attendu 2014 pour explorer méthodiquement tout ce matériel […] dans cette œuvre, mon approche consiste à « présenter » le matériel d’une manière qui serait impossible dans la « vraie vie », compte tenu des disparités géographiques des matières entendues simultanément. Physiquement, il nous est impossible d’être à deux endroits à la fois, mais c’est tout à fait possible dans le domaine de l’audition, particulièrement si on fait appel à la reconnaissance et à la mémoire personnelle. Le recours […] à un vaste éventail de haut-parleurs […] répartis en plusieurs endroits d’une même salle me permet de renforcer cette illusion.
1-Voies ferrées de l’Australie-Méridionale
2-Circular Quay, avec amuseurs de rue, traversiers et trains, entourés du paquebot Queen Mary 2 quittant le port de Sydney (Australie)
3-Des quais flottants tirent sur leurs amarres près du Sydney Opera House (Australie)
4-Échos subaquatiques des quais flottants et baleines dans le port de Sydney (Australie), près de la Grande barrière de corail (Queensland, Australie) et au large de Corfou (Grèce)
5-Manifestation populaire à Montpellier (France)
6-Ports, navires et martinets à Corfou et à Poros (Grèce)
7-Encore des bateaux qui tirent sur leurs amarres, cette fois au club nautique de Boston (Massachusetts, ÉU)
8-Insectes, grenouilles et singes dans la forêt équatoriale du parc national de Bako à Bornéo (Malaisie)
Jeudi 24 juillet
17h Requins – Michel Pascal
France, 1991/2015/2020 Jeu musical immersif avec dispositif interactif 32 pistes
17h45 Sud – Jean Claude Risset
France, 1985, œuvre 4 pistes adaptée au dispositif 32 pistes en 2023
26mn

https://jean-claude-risset.fr/welcome
Sud a été commandée par le Ministère de la Culture, à l’initiative de l’Ina-GRM où la pièce a été réalisée en 1984-1985. La pièce utilise principalement des sons enregistrés dans le massif des calanques, au sud de Marseille, et aussi des sons synthétisés par ordinateur à Marseille.
Au début, et par instant, la pièce se présente comme une « phonographie » – mais les sons se trouvent en général altérés par les transformations numériques. Ainsi le profil dynamique des vagues, qui ouvre la pièce, imprègne-t-il les trois mouvements. La pièce est bâtie à partir d’un petit nombre de sons « germinaux » : enregistrements de mer, d’insectes, d’oiseaux, de carillons de bois et de métal, de « gestes » brefs joués au piano ou synthétisés à l’ordinateur ; j’ai fait proliférer ce matériau en combinant diverses transformations : moduler, filtrer, colorer, réverbérer, spatialiser, mixer, hybrider. Cézanne voulait « unir des courbes de femmes à des épaules de collines » : de même, la synthèse croisée permet de travailler « dans l’os même de la nature » (Michaux), de produire des hybrides, des chimères — d’oiseaux et de métal, de mer et de bois. J’y ai eu recours surtout pour transposer des profils, des flux d’énergie. Ainsi la pulsation d’enregistrements de mer est par endroit appliquée à d’autres matières sonores — alors qu’à d’autres moments l’origine de « vagues » ou déferlements sonores n’a aucune parenté avec la mer. Une échelle de hauteur (sol – si – mi – fa dièze – sol dièze), exposée d’abord par des sons synthétiques, va colorer divers sons d’origine naturelle ; elle devient dans la dernière partie une véritable grille harmonique, qu’oiseaux ou vagues font résonner, à la façon d’une harpe éolienne.
Les sons naturels et synthétiques sont d’abord présentés séparément : ils se fondent de plus en plus dans le cours de la pièce. Ainsi entend-on se déplacer dans l’espace de vrais chants d’oiseaux aussi bien que des sons synthétiques stylisant oiseaux ou insectes. Dans la troisième section, le filtrage de croassements d’oiseaux apparaît d’abord comme un écho coloré, puis comme un véritable « raga » sur l’échelle de hauteur introduite. L’origine des nombreux sons déduits du matériau germinal peut être repérée sur un « arbre généalogique » décrivant la prolifération et ressemblant à un rhizome. L’agencement temporel met enjeu plusieurs niveaux de rythme et, peut-on dire, une logique de flux. On peut proposer un scénario métaphorique :
I. La mer le matin. Éveil d’oiseaux criards s’animant du pointillisme à la strette. Nuages harmoniques. Venant du grave, accumulation d’êtres hybrides. Chaleur. Luminy, au pied du Mont Puget : insectes et oiseaux réels et imaginés.
II. Appel – comme une bouée à cloche animée par la mer. Agitation, flux, dérives, péripéties, mistral, tempête, feu de la terre, ou orage intérieur ?
III. Le profil de la mer, de plus en plus coloré : le bruit devient hauteur stridente. Hybrides animés. La grille harmonique se dévoile, excitée de toutes parts : pulsions programmées, raga d’oiseaux, vagues de la mer. Reflux : le bruit du ressac.
Jean-Claude Risset.
Mardi 29 juillet
17h Requins – Michel Pascal
France, 1991/2015/2020 Jeu musical immersif avec dispositif interactif 32 pistes
17h45 Never Die A – Michel Pascal
France, 2015
15mn
Mercredi 30 juillet
13h Sud – Jean Claude Risset – séance réservée aux étudiants de l’Académie
France, 1985, œuvre 4 pistes adaptée au dispositif 32 pistes en 2023
26mn
17h Requins – Michel Pascal
France, 1991/2015/2020 Jeu musical immersif avec dispositif interactif 32 pistes
17h45 Théories sous-marines – Theodoros Lotis
Grèce 2002, œuvre stéréo adaptée au dispositif 32 pistes en 2025 en spatialisation spectrale
16mn
Jeudi 31 juillet
17h Requins – Michel Pascal
France, 1991/2015/2020 Jeu musical immersif avec dispositif interactif 32 pistes
17h45 Going/Places – Jonty Harrison
Angleterre, 2015, section 2, 32 pistes
22mn
Mardi 05 août
17h Requins – Michel Pascal
France, 1991/2015/2020 Jeu musical immersif avec dispositif interactif 32 pistes
17h45 Sud – Jean Claude Risset
France, 1985, œuvre 4 pistes adaptée au dispositif 32 pistes en 2023
26mn
Mercredi 06 août
13h Going/Places – Jonty Harrison – séance réservée aux étudiants de l’Académie
Angleterre, 2015, section 2, 32 pistes
22mn
17h Requins – Michel Pascal
France, 1991/2015/2020 Jeu musical immersif avec dispositif interactif 32 pistes
17h45 Never Die A – Michel Pascal
France, 2015
15mn
Jeudi 07 août
17h Requins – Michel Pascal
France, 1991/2015/2020 Jeu musical immersif avec dispositif interactif 32 pistes
17h45 Théories sous-marines – Theodoros Lotis
Grèce 2002, œuvre stéréo adaptée au dispositif 32 pistes en 2025 en spatialisation spectrale
16mn
——————- BIOGRAPHIES ——————-
Jonty Harrison
Après un Doctorat en composition de la University of York (RU) en 1980 Jonty Harrison travaille à Londres entre 1976 et 1980 avec Harrison Birtwistle et Dominic Muldowney au National Theater. Durant cette même période, il enseigne également la composition électroacoustique à la City University. En 1980 il devient professeur de composition et de musique électroacoustique à University of Birmingham, et directeur du Birmingham ElectroAcoustic Sound Theatre (BEAST).
Il en est désormais professeur émérite. À l’université́ de Birmingham, il a formé de nombreux compositeurs dont plusieurs sont maintenant des figures importantes de la composition et de l’enseignement de la discipline à travers le monde. Pendant dix ans, il assura la direction artistique du Barber Festival of Contemporary Music et dirigea le Birmingham Contemporary Music Group, le University New Music Ensemble, ainsi que le University Symphony Orchestra.
Jonty Harrison a obtenu divers prix et distinctions dans plusieurs concours internationaux dont une mention pour le fameux Prix Ars Electronica (Linz, Autriche).
Sa musique est jouée et diffusée à travers le monde. Elle est disponible sur quatre disques monographiques chez empreintes DIGITALes, ainsi que sur des compilations chez SAN/NMC, Cultures électroniques/Mnémosyne Musique Media, CDCM/Centaur, Asphodel, Clarinet Classics, FMR, Edition RZ et EMF.
Theodoros Lotis
Theodoros Lotis a étudié la guitare, la flûte, l’analyse musicale, la composition et Les Beaux-Arts en Grèce, en Belgique et au Royaume Uni. Il détient un doctorat en musique de la City University à Londres (Angleterre), achevé grâce aux bourses de la British Academy (Arts and Humanities Research Board) et de la Fondation AS Onassis.
Après avoir écrit de nombreuses œuvres instrumentales et collaboré avec des artistes provenant de disciplines diverses (danse, théâtre, vidéo), il explore présentement le spectre, le timbre et l’espace sonore. Plusieurs festivals et colloques européens, australiens, américains et asiatiques ont programmé ses œuvres, notamment Musiques & Recherches (Belgique), de la Sculpted Sound Composers Competition (RU), d’Amici della Musica di Cagliari (Italie), de Visiones Sonoras (Mexique), la clarinettiste Esther Lamneck (New York) et les compagnies de danse Ionian Act et One Small Step.
Il est aussi le récipiendaire de nombreux prix et distinctions de concours internationaux.
Theodoros Lotis a enseigné la composition de musique électronique au Goldsmiths College, University of London, à l’Institut Technologique et Educatif de Crète, ainsi qu’à l’Université Aristote à Thessaloniki. Il est aujourd’hui professeur à l’Université Ionienne de Corfou en Grèce et membre fondateur de l’Association hellénique des compositeurs de musique électroacoustique (HELMCA) et de la Société hellénique pour l’écologie acoustique. www.theodoroslotis.com
https://electrocd.com/en/album/2357-epoque-de-l-eau
Michel Pascal a investi une grande variété de répertoires : musiques acousmatiques, instrumentales, vocales, live-electronic, théâtre musical, installations interactives, musiques d’applications pour l’audiovisuel ou la danse. Si son style peut de ce fait varier considérablement selon les productions, il reste cependant fidèlement attentif à un raffinement de l’écriture entre note et son. Un axe fondamental de son travail concerne la mutation des instruments par leur liaison aux nouvelles technologies. Dans le domaine acousmatique, il en résulte des musiques essentiellement dépendantes du support, mais qui n’absorbent pas totalement gestes et sons instrumentaux, ce qui l’a conduit à qualifier ce mode de composition d’acousmatique instrumentale. Aux claviers électroniques, il s’est attaché à développer un type d’expressivité qualifié d’à l’intérieur même du son, travaillant avec des musiciens pratiquant aussi bien les musiques écrites que l’improvisation. Assistant musical de nombreux compositeurs au Centre International de Recherche Musicale pendant plus de 10 ans, il enseigne depuis 1988 au Conservatoire de Nice – Université Côte d’Azur.
Jean Claude Risset
Bénéficiant d’une triple formation en physique, piano et composition, Jean-Claude Risset est l’un des plus grands pionniers internationaux dans l’usage de l’informatique pour la composition et la production musicale. Compositeur et chercheur renommé, il a participé notamment à la fondation de l’Ircam aux côtés de Pierre Boulez de 1975 à 1979, où il réalisa ces fameux sons paradoxaux capables de monter la gamme en étant de plus en plus graves ou tout à la fois de ralentir et accélérer à l’infini. Ses recherches scientifiques ont constamment influencé ses activités artistiques, et vice versa. Son catalogue, comprenant plus de 70 œuvres, comprend une quinzaine de pièces pour supports fixes (produites aux Laboratoires Bell, à l’Ircam, au Laboratoire de Musique et d’Acoustique qu’il a créé au sein du CNRS, etc.), de la musique acousmatique (Ina-GRM, Gmem, etc.), une vingtaine de pièces instrumentales et 35 œuvres de musique mixte, certaines avec électronique temps réel, genre auquel il a consacré une grande partie de son énergie créatrice.
Grâce à l’ordinateur, voilà qu’il ne composait plus seulement les sons entre eux, mais les « sons eux-mêmes ». Personnalité rayonnante, son décès le 21 novembre 2016, a plongé dans l’affliction compositeurs et chercheurs du monde entier.