Le Cosmophone
Notre planète est en permanence bombardée de protons et noyaux atomiques issus de l’ensemble de notre galaxie, les rayons cosmiques. Leurs chocs dans la haute atmosphère créent des avalanches de particules élémentaires dont les plus pénétrantes, les muons, atteignent le niveau de la mer. Le muon est une sorte d’électron lourd absent de la matière ordinaire car de très courte durée de vie. Le corps humain y est insensible, bien que plusieurs muons le traversent chaque seconde.
Le Cosmophone est conçu pour rendre ce phénomène directement perceptible autour de soi. Les muons sont détectés par l’infime lumière bleutée qu’ils induisent dans un réseau de lattes de plastique scintillateur disposées au plafond et au sol. Ils se déplacent à une vitesse proche de la lumière, ce qui permet de signer leur passage par l’illumination quasi-simultanée d’un détecteur du plafond et d’un détecteur du sol. De temps en temps, un muon interagit au-dessus de l’installation en créant une avalanche de photons et d’électrons qui illumine un plus grand nombre de détecteurs. Ces gerbes électromagnétiques de tailles diverses sont un élément essentiel de variabilité des phénomènes détectés.
Les signaux lumineux déposés par les muons et les gerbes électromagnétiques sont transformés par des photomultiplicateurs en impulsions électriques de quelques milliardièmes de seconde, collectés par une électronique rapide d’acquisition et transmis quasi-instantanément à un système de synthèse sonore. Le but de la synthèse sonore est de matérialiser la trajectoire des particules cosmiques (muons et gerbes électromagnétiques) dans l’espace à l’endroit et à l’instant où elles passent. Les sons sont synthétisés numériquement par un micro-ordinateur qui contrôle un réseau de haut-parleurs directement couplés aux détecteurs. Leur caractère est laissé au libre-arbitre du compositeur.
Dans un mode muséographique visant à une matérialisation suggestive des phénomènes détectés, le passage des muons est reproduit en activant les deux hauts parleurs associés aux détecteurs qu’ils traversent. Le son bascule du plafond vers le sol avec un glissement de fréquence qui évoque la vitesse d’une source sonore en mouvement (effet Doppler). Les gerbes électromagnétiques sont matérialisées par des effets de ruissellements sonores enveloppants.
Le Cosmophone se situe au confluent des sciences fondamentales de pointe (astrophysique et physique des particules), des nouvelles technologies (synthèse sonore numérique en temps réel et spatialisation du son) et de l’art contemporain (musique et installations environnementales), domaines dont la fertilisation mutuelle peut être source de développements originaux.
En plaçant le spectateur à la croisée de l’infiniment petit (les particules élémentaires qui le transpercent) et de l’infiniment grand (le cosmos dont elles proviennent), le Cosmophone met l’auditeur en contact direct avec l’ensemble de notre galaxie et les phénomènes violents qui s’y produisent, stimulant tout un imaginaire qui peut offrir un nouveau champ d’action à la création artistique.
Dispositif créé par :
Claude Vallée, Centre de Physique des Particules de Marseille (IN2P3-CNRS)
David Calvet, Laboratoire de Physique Corpusculaire de Clermont-Ferrand (IN2P3-CNRS)
Richard Kronland et Thierry Voinier, Laboratoire de Mécanique et d’Acoustique (SPI-CNRS)
Créations musicales au planétarium de Vaulx en Velin en 2015 et 2016
production Ubris Studio Jacques Diennet/CNRS Marseille:
Michel Pascal: « Leçon de choses »
Jean Marc Montera : « Intraçables N°1 »
Lucie Prod’homme: « Plus loin que l’infini »
Francis Dhomont : « Mutamuons »
http://www.planetariumvv.com/le-cosmophone/
Exemple du dispositif technique : le public sera assis au niveau des chaises, au premier plan, au sol, sous le niveau des chaises, on peut voir certains des haut-parleurs retraçant dans le sonore le mouvement des particules détectées par les capteurs: les longues boites visibles au plafond, à côté d’autres haut-parleurs.
Création de Pascal Gobin avec l’Harmonie Sainte Victorine à l’intérieur du Cosmophone concert au Groupe de Recherche et d’Improvisation Musicale, Marseille janvier 2006
http://www.radiogrenouille.com/audiotheque/le-son-du-muon-e-puoi-si-muove/