Le ravissement |
– Robert Normandeau –
Cette pièce est inspirée par l’idée du laminage, qui est, d’une part, un procédé de fabrication par déformation plastique et d’autre part, au figuré, l’action de réduire très fortement l’importance de quelque chose ou de quelqu’un. Ce qui est déformé ici, c’est le temps. Le temps et les spectres sont étirés ici au-delà des seuils de perception. Et au figuré, ce qui est réduit, ce qui est ravi, c’est l’identité des sources musicales utilisées.
En 2018, j’ai été invité à collaborer au plus récent projet de la chanteuse et violoncelliste Jorane. Mon travail de composition consistait à traiter en temps réel le matériel musical de la soliste, des chanteuses et du quatuor à cordes. C’était un retour au temps réel pour moi, qui avait été au cœur de mes premières expérimentations électroacoustiques et que j’avais un peu délaissé au cours des trente dernières années…
Cette pièce est le résultat d’un mélange entre les matériaux créés pour le spectacle présenté en mars 2019 et ceux qui ont été générés lors de deux résidences de création. La première a eu lieu au Virginia Center for the Creative Arts (VCCA) à Amherst en Virginie en octobre 2019. Alors que la seconde a eu lieu à Nice en novembre 2019.
Remerciements à tous les musiciens : Chloé Lacasse et Geneviève Toupin, voix ; Geneviève Clermont, violon 1 ; Vanessa Marcoux : violon 2 ; Lana Tomlin, alto ; Sophie Coderre, violoncelle ; Mathieu Désy, contrebasse ; Martin Lizotte, piano ; Simon Godin, guitare ; Pete Pételle, drum. Et un immense merci à Jorane, pour sa confiance. Remerciements à Linda Watchtmeister qui a contribué à ma résidence au VCCA et à tout le personnel du centre.
Robert Normandeau
Son travail de compositeur est principalement consacré à la musique acousmatique, quoiqu’il ait composé quelques œuvres mixtes. Plus spécifiquement, par les sonorités utilisées et les choix esthétiques qui la tendent, sa démarche s’inscrit dans un « cinéma pour l’oreille » où le ‘sens’ contribue à l’élaboration de ses œuvres tout autant que le ‘son’. Plus récemment il a composé un cycle d’œuvres de musique immersive multicanal pour dôme de haut-parleurs. À son travail de compositeur de musique de concert s’est ajouté, pendant une vingtaine d’années, celui de compositeur de musique de scène, pour le théâtre notamment.
Il est professeur de composition électroacoustique à l’Université de Montréal depuis 1999 après avoir obtenu le premier doctorat (1992) en composition électroacoustique de l’Université de Montréal, sous la direction de Marcelle Deschênes et de Francis Dhomont. Il y dirige le Groupe de recherche en immersion spatiale (GRIS), qui produit des logiciels de spatialisation sonore.