Suivant le fil rouge de son parcours, après la fin de ses études notamment dans les prestigieuses universités nord américaines McGill et Harvard, l’artiste nous présenté Of Randomness and Imperfection , le projet de recherche-création interdisciplinaire qu’elle développe depuis 2020 à l’ICFO de Barcelone en collaboration avec le Professeur Dr. Maciej Lewenstein.
Le hasard suscite un grand intérêt dans le domaine de la composition musicale. Dès 1962, Iannis Xenakis explore une approche stochastique en utilisant des fonctions de probabilité informatisées pour déterminer la structure de la composition, les hauteurs et leurs durées.
Peu de temps après, compositeurs et technologues musicaux ont commencé à explorer diverses méthodes de composition algorithmique (*), parfois avec l’aide de l’intelligence artificielle. Cependant, dans la plupart des cas, la source du hasard choisie était en fait de nature déterministe. C’est-à-dire que les nombres aléatoires qu’ils ont utilisés sont imparfaits au sens strict. Pour le dire plus simplement, les nombres aléatoires parfaits n’ont jamais de motifs répétitifs. De plus, la méthode par laquelle ils produisaient un tel caractère aléatoire était extrinsèque à la méthode dans laquelle le caractère aléatoire était appliqué.
Dans ce projet, les créateurs-chercheurs tentent de franchir une étape supplémentaire en produisant directement des événements sonores à partir du caractère aléatoire véritable des systèmes physiques quantiques. Grâce à cette méthode, ils visent à obtenir un nouveau sens de l’effet esthétique dans la musique, qui dérive du véritable hasard qui prévaut dans le monde quantique naturel.
(*) regarder notamment l’excellent site construit par le compositeur Christophe Robert pour la finalisation de son diplôme en composition en musique électroacoustique au conservatoire de Nice :
https://musiquealgorithmique.fr/
Dans une interprétation plus directe du concept d’imperfection, la compositrice nous a fait entendre plusieurs réalisations d’un projet très inhabituel : Broken Accordion Project (2013-2017), composées avec un certain nombre d’accordéons anciens, pour des œuvres de concert ou audiovisuelles, présentant la manière unique dont chaque instrument est endommagé.
La première pièce de la série a été créée en mars 2014 à Water Valley, dans le Mississippi, où ces instruments ont été trouvés. Depuis, Reiko Yamada a joué avec eux et animé des ateliers au Cluster Festival (2016, Manitoba, Canada), au Carpenter Center (2016, Cambridge, MA) et à Rio De Janeiro dans le cadre d’un film de danse collaboratif sur l’écrivain Clarice Lispecteur. Le projet est également présenté dans un court métrage documentaire intitulé « 85% Broken » (Blue Magnolia Film, 2015).
Reiko Yamada est originaire d’Hiroshima, au Japon. Elle compose des œuvres de concert, crée des installations d’art sonore et travaille avec des collaborateurs interdisciplinaires. Ses projets explorent le concept esthétique de l’imperfection dans une variété de contextes. Elle est titulaire d’un D.Mus en composition de l’Université McGill et est récipiendaire de nombreux prix et bourses prestigieux. Elle a été boursière 2015-2016 au Radcliffe Institute for Advanced Study de l’Université Harvard, artiste en résidence 2016-2017 à l’IEM (Institut für Elektronische Musik und Akustik), innovatrice en résidence 2018 au Colorado College, 2020. -21 Artiste résident S+T+ARTS et compositeur en résidence à la Fondation Phonos. Ses différents projets ont été commandés et/ou financés par New Music USA, le Conseil des Arts du Canada, l’IRCAM (l’Institut de recherche et de coordination en acoustique/musique), le CIRMMT (le Centre de recherche interdisciplinaire en médias et technologies musicales), le Conseil des arts et des lettres du Québec, Armitage Gone! Danse, le Zentrum für Orgelforschung der Kunstuniversität Graz et la Commission européenne, entre autres. Ses œuvres ont été présentées dans des lieux tels que le Metropolitan Museum Breuer (New York) et le Sónar Festival (Barcelone). Elle est actuellement chercheuse postdoctorale à l’ICFO (Institut des Sciences Photoniques) et professeure invitée à l’ESMUC de Barcelone.